La collection Léo et Léa

La méthode

La dyslexie, par Thérèse Cuche et Michelle Sommer

D’après Stanislas Dehaene, neurologue qui, dans « Les neurones de la lecture »1 fait le point sur les recherches neurologiques les plus récentes en la matière, l’hypothèse d’un cerveau différent chez les dyslexiques (6 à 8 % de la population) serait liée à une faiblesse des liaisons cérébrales entre la zone de réception visuelle et les aires de décodage auditifs, langagiers et associatifs ; cette faiblesse pourrait être liée à une insuffisante migration des neurones de cette zone dans la période embryologique où les gènes qui la produisent sont particulièrement sensibles à certaines agressions comme par exemple celle de l’alcool.

Il s’agit donc d’une « hypothèse »… à vérifier au fur et à mesure que de complexes expérimentations auront pu intervenir et qu’aura progressé l’analyse de ces faits.

Quoiqu’il en soit, Dehaene lui-même apporte aussitôt un éclairage particulier sur ces recherches :

  • La très grande majorité des « dyslexiques » apprennent à lire, et leur décodage plus lent peut être imputé au retard de leur pratique de la lecture.
  • La rééducation est donc efficace
  • Elle fait très généralement intervenir le perfectionnement de la conscience phonémique.
  • On constate que les particularités cérébrales des dyslexiques se réduisent après leur rééducation selon de telles méthodes. Dehaene insiste sur la plasticité du cerveau, puisque l’activité mentale se traduit par une activité cérébrale, dont l’infinie complexité s’adapte à la tâche demandée. « Le cerveau de notre enfant n’est plus le même après son apprentissage de la lecture ».

L’orthophoniste2 qui, quant à lui, se voit très souvent consulté pour une difficulté de lecture rapidement étiquetée « dyslexie », qu’a-t-il à en dire ? Il (ou elle) constate ceci :

  • Certains enfants sont trop peu structurés eux-mêmes pour pouvoir accéder à la lecture, quelle que soit la méthode utilisée.
  • La plupart du temps, un ré apprentissage systématique par la méthode phonémique synthétique est indispensable et donne des résultats satisfaisants.
  • Ces enfants ont été entraînés à une approche globale, avec les dégâts que l’on sait. La lecture est induite d’indices insuffisants, ce qui rend impossible l’accès au sens du texte lu. Leur expérience négative leur a fait perdre toute motivation et intérêt pour la lecture, et toute confiance en soi pour s’y mettre.
  • Ces échecs de la méthode globale ou mixte se voient particulièrement chez des enfants peu matures, et donc peu aptes à construire les repères indispensables à un déchiffrage exact, qu’un tel enseignement ne leur fournit pas, ou de manière trop aléatoire, non structurée, non systématique, ayant de surcroît valorisé une mémorisation globale forcément très lacunaire.

Rappelons enfin que des déficits auditifs ou visuels, peuvent bien sûr être à l'origine des difficultés ; ils doivent être dûment dépistés et analysés.

La comparaison des deux points ci-dessus de vue fait souhaiter une recherche conjointe par une pluralité de spécialistes : neurologues, généticiens, mais aussi psychocliniciens et orthophonistes.


1 Les neurones de la lecture, Ed. Odile Jacob, paru en juillet 2007

2 Colette Ouzilou :Dyslexie, une vraie fausse épidémie, (Presses de la Renaissance, 2001).