La collection Léo et Léa

La méthode

Les fondements théoriques de Léo et Léa, par Thérèse Cuche et Michelle Sommer

Quand l’école est devenue obligatoire, l’enseignement de la lecture s’est appuyé sur le principe alphabétique, universellement reconnu, et sur l’assemblage syllabique.

Dans la première moitié du 20ème siècle, l’enfant a été étudié en tant que tel et l’on a tenté de s’adapter à ses caractéristiques propres. Des recherches effectuées dans ce sens, nous avons retenu les conclusions qui nous semblent fondamentales pour une meilleure approche de l’enfant, et, partant, pour une meilleure pédagogie, ceci dans deux domaines, celui de la psychanalyse et orthophonique.

  Les recherches psychanalytiques apportent à notre sens le point de vue le plus opérant par rapport à la question de l’accès à la lecture : L’enfant ne peut accéder à l’apprentissage que s’il a envie d’apprendre à lire. Et – corollaire – il n’a envie d’apprendre à lire que lorsqu’il a atteint un certain niveau de structuration (cf. l’article consacré à cette question).

  Dans le milieu du siècle, Suzanne Borel-Maisonny a créé l’orthophonie pour tenter d’aider les enfants qui présentaient des difficultés dans le domaine du langage oral et écrit, quelles que soient leurs causes. Ceci a donné lieu à un travail d’équipe qui, entre autres, s’est appuyé sur une connaissance approfondie des caractéristiques du linguistique et de la phonétique. Un aboutissement remarquable de ce travail fut la création d’une méthode d’apprentissage de la lecture tenant compte de la genèse du langage enfantin — qui montre où sont les difficultés — et permettant de neutraliser les pièges pouvant aboutir aux confusions de sons ou de lettres et inversions du sens de la lecture. (« Bien lire et aimer lire », Clotilde Silvestre de Sacy, Ed. ESF). Cette méthode, qui a fait ses preuves essentiellement dans le domaine de la rééducation orthophonique des troubles de la lecture, mettait déjà au premier plan la « conscience phonétique » ― que nous appelons aujourd’hui conscience phonémique par souci de clarté ― bien avant que ne soit recherché le coefficient de corrélation de celle-ci avec la réussite en lecture.

  Devant les difficultés croissantes entraînées par la mode des méthodes globales puis semi-globales, des recherches scientifiques ont été menées aux États-unis et en Europe. Ces recherches sont détaillées dans le remarquable ouvrage de Jose Moraïs : L’Art de Lire, (Ed. Odile Jacob). Elles confirment la prééminence du principe alphabétique et de l’apprentissage du code de la lecture. Elles seront confirmées sans réserves par S. Dehaene, neurologue (Les neurones de la lecture, 2007, Ed. O. Jacob).

  L’importance de la conscience phonémique (prise de conscience des sons du langage oral, que transcrivent les lettres) sera attestée par les expériences de Peter Bryant et Alain Content qui mettent en lumière une corrélation significative entre le bon niveau de celle-ci et la réussite de l’apprentissage.

  Une évaluation comparée pratiquée récemment en Belgique confirme les bons résultats de la méthode Borel-Maisonny, qui respecte ces données, résultats supérieurs à ceux obtenus avec une méthode fonctionnelle à départ global, quel que soit le paramètre envisagé, rapidité de déchiffrage, compréhension du texte lu, etc.

(cf. «  Savoir Lire, question de méthodes ? » www.ecoledemocratique.org).

En ce qui nous concerne, Michelle Sommer particulièrement a bien montré l’influence néfaste du départ global sur les enfants (en nombre croissant ?) qui abordent le CP en étant relativement immatures. (Voir l'article « Halte au départ global »)

Lire avec Léo et Léa se devait donc d'être une méthode synthétique et phonémique moderne inscrite au catalogue des parutions scolaires.

Selon la terminologie définie par le haut comité pour la lecture, Lire avec Léo et Léa est en effet une méthode synthétique, qui part des éléments : les phonèmes (ou sons de la parole), transcrits par des lettres ou des graphies, et de leurs associations en syllabes, pour permettre la lecture des mots et des phrases (le travail de synthèse). Ce code de la lecture est enseigné à l’enfant de manière progressive et exhaustive. La méthode est synthétique et phonémique : la conscience phonémique de l’enfant, est à la base du processus de l’apprentissage. Elle sera éveillée de façon ludique dès la GS, à partir d’un conte phonémique, Léo et Léa au pays des lettres qui parlent.

Les auteurs se sont attachés à fournir à l’enfant, au terme de chaque leçon, un texte attrayant, dans un langage familier aux enfants en âge d'apprendre à lire, d’un vocabulaire riche et varié, mais ne contenant que des graphies déjà apprises et connues. Cet exercice, qui peut sembler périlleux, a néanmoins permis de s’assurer du succès de ces textes auprès des enfants, et de favoriser ainsi leur appétence pour la lecture, point capital !

Pour toutes ces raisons, cette méthode convient au plus grand nombre, y compris lorsque la langue maternelle est étrangère (repères phonémiques différents) ou le bagage linguistique pauvre.

Ainsi conçue, elle permet enfin d'aller dans le sens du processus structurant, parfois fragile, qui permet à l'enfant de se construire. L’accent mis sur l'écoute des sons puis sur l'acquisition des repères et des codes qui permettent d'entrer dans le registre de la symbolique (domaine de la distanciation) encourage l’enfant à l'autonomie. Les exercices et les consignes (pictogrammes dans un premier temps) sont simples et accessibles. L'enfant est actif et toujours placé en position de pouvoir faire ce qui lui est demandé . La progression permet d’aborder les difficultés une à une.

Pour les mêmes raisons l’on dissociera le travail oral sur le langage — indispensable à l’école primaire autant qu’ en Maternelle — de la lecture proprement dite. Pour mieux assurer la transition du langage oral au langage écrit, chaque leçon comporte un travail oral préalable ou consécutif sur le langage, qui intéresse tant les éléments constitutifs de la phrase que le vocabulaire.

Les trésors de Léo et Léa, livre de grammaire, poursuit la construction du langage écrit au CE1.